Pratiques inspirantes : échange avec Jean-Louis Balas
Jean-Louis est enseignant de Mathématiques et Sciences physiques au lycée professionnel Maryse Bastié de Limoges et enseignant formateur T3*. Il enseigne à des lycéens qui se destinent aux voies de l’électronique, de l’électrotechnique, et des industries graphiques. Il se décrit lui-même comme attaché à la rigueur scientifique et ne cédant pas à une certaine démagogie et, à ce titre, a développé sa propre approche du distanciel.
Q : Jean-Louis, tu n’es pas fan de visio et de cours à distance. Peux-tu nous expliquer pourquoi et comment ta méthode a permis d’assurer néanmoins la continuité pédagogique ?
Le lycée dans lequel j’enseigne se situe en zone ou les élèves rencontrent régulièrement des difficultés à se connecter, qu’il s’agisse d’envie ou de disponibilité technique. Par ailleurs, même s’il demeure des élèves sérieux et volontaires pour trouver des solutions, ils sont trop peu nombreux pour choisir cette option sans laisser les autres sur le bord de la route. Ainsi, axer la continuité pédagogique sur la visio aurait nui à leur enseignement.
C’est pourquoi j’ai plutôt fait un autre choix, autour de 3 axes :
- J’ai réservé les leçons qui se prêtent bien aux expériences à faire à la maison pour ces périodes : ainsi l’élève est acteur
- J’utilise des outils numériques faciles d’accès et variés tels que Google Classroom, le compte Canoprof de mon établissement (avec des vidéos que je crée à l’aide du logiciel TI-SmartView™ CE), ou encore Pronote.
- Je modifie les pdfs pour qu’ils soient complétés, soit avec la suite Libre Office soit avec un processeur de texte pour les QCM, afin d’évaluer.
Et évidemment, je reste disponible pour répondre aux questions, accompagner etc. !
Q : As-tu en tête quelques expériences qui se sont révélées gagnantes ?
Je pense en particulier aux expériences en optique : avec un verre et une paille, on peut découvrir la réfraction de la lumière, ses propriétés de réflexion etc.… avant d’aller vers les lois scientifiques, on s’étonne !
Pour les lois, je sélectionne des vidéos sur YouTube, que je passe d’abord par le filtre Pearltrees, qui débarrasse les vidéos des publicités, j’aime aussi beaucoup utiliser PHET Colorado, qui propose des simulations interactives pour les sciences et les maths, et des simulateurs de logiciels et html 5. J’utilise également les activités sur TI-Nspire™ CX II-T ou l’application Fizziq où j’adapte les protocoles existants au profil de mes élèves.
Pour l’évaluation, je pratique par QCM la plupart du temps.
Q : Finalement, tu as fait le choix de la responsabilisation.
Exactement : je place les élèves en position d’acteurs, et demeure disponible via mon email professionnel, sur lequel je m’astreins à une forte réactivité. C’est une solution qui me convient à moi, et c’est important, et qui leur convient à eux aussi. Ma présence physique n’est pas indispensable. L’autre point positif que j’y vois, est la tranquillité. Je pense en particulier aux élèves en situation de handicap, qui sont aidés par une AESH, qui ne supportent pas le bruit et trouvent vraiment leur compte dans cette approche à leur rythme.
Attention, il ne faut pas se méprendre : je ne dédie pas moins de temps à mes élèves ou mes cours ! Sourcer de bonnes vidéos sur un phénomène physique ou un problème mathématique, de bonnes activités, etc. … Et les articuler pour réaliser une séquence pédagogique, c’est un investissement réflexion et temps important. Je constate d’ailleurs que les élèves n’ont pas décroché et sont restés un peu plus attentifs (pour ceux, bien sûr, qui ont accepté de participer).
*Jean-Louis est également créateur de contenus pour T3 et Texas Instruments : un livret d’activités pour la physique-chimie sur BBC micro : bit et la TI-83 Premium CE Edition Python ainsi qu’une série de vidéos tutorielles sur Python pour accompagner les élèves et les enseignants disponibles sur la chaine Youtube de Texas Instruments.